La migration des oiseaux

         

         

Chaque année les oiseaux effectuent une migration printanière et automnale.

L’automne est arrivé, les journées raccourcissent, la durée d’ensoleillement diminue, les ressources alimentaires disparaissent. L’hiver va bientôt geler nos campagnes.

Pour un oiseau nicheur chez nous il est temps de songer à partir vers des contrées attrayantes où l’approvisionnement alimentaire sera assuré, pour y passer plusieurs mois avant de revenir au prochain printemps.

Les oiseaux se répartissent en migrateurs :

Pour recueillir des données migratoires, les méthodes sont variées:


QUAND ? OÙ ? Quelques exemples

La plupart des oiseaux nicheurs chez nous vont passer l’hiver en Afrique.

Août :

Milan noir, Pie grièche à tête rousse vers le sud du Sahara. Les Rossignols se préparent à traverser le Sahara pour rejoindre les pays sur la bande qui va du Sénégal à l’Ethiopie.

Septembre :

Gobemouche, gros passage chez nous deuxième quinzaine de septembre en direction du Sénégal.

Hirondelles rustiques et de fenêtre partent vers l’Afrique de l’ouest, du sud ou de l’est selon leur pays de nidification.

Rolliers et Guêpiers arrivent sur leur site d’hivernage en octobre au Botswana et en Afrique du sud.

Petit Gravelot vers l’Afrique centrale.

Octobre :

Chardonnerets, Pinsons, Grives, Merles, Alouettes : afflux des pays nordiques vers l’Europe du sud.

Un Circaète Jean-le-Blanc, un planeur, pour arriver au sud du Mali et Niger passe par le détroit de Gibraltar mais jamais au-dessus de la mer où il n’y a pas d’ascendants thermiques. Équipé d’une balise Argos un spécimen a parcouru 4700 km en 19 jours pour aller de Saintes au Niger. (Meyburg 1998). Environ 12000 Circaètes sont comptés chaque année à Gibraltar.

Des cas extrêmes :

La Sterne arctique, 100 g, migre de l’Arctique vers l’Antarctique et parcours 71000 km par an.

Le Colibri à gorge rubis, 3 g, effectue un parcours de 12000 km pour aller du sud du Canada vers l’Amérique centrale.


LA PRÉPARATION PHYSIQUE :

Les oiseaux qui effectuent des grandes migrations et traversent les mers et océans ou le Sahara doivent être en bonne forme pour pouvoir arriver au terme de leur périple. Il faut manger encore et encore pour accumuler des graisses.

Un passereau migrateur courte distance comme le Pinson des arbres (14/16 cm, 17/30 g) augmente son poids de 25 % seulement car il fait des haltes pour se nourrir.

Un passereau migrateur longue distance l’augmente de 50 %. Gobemouche noir.

Un rapace migrateur longue distance comme le Circaète Jean-le-Blanc augmente son poids de 10 % seulement parce que c’est un planeur qui utilise les ascendants thermiques, il n’a que peu d’effort à fournir.

Un limicole comme le Petit Gravelot (17 cm, 30/50 g) peut augmenter son poids jusqu’à 60 %.

Juste avant le départ les oiseaux vont réduire le volume de l' intestin pour diminuer la sensation de faim pendant le trajet.


L’ORIENTATION :

Le patrimoine génétique  et l’expérience :

Les oiseaux ont acquis au fil de dizaines de millions d’années de migrations des réflexes innés, inscrits dans leurs gènes, qui permettent ainsi à de jeunes oiseaux de suivre automatiquement des voies migratoires en ayant même une notion de la distance à parcourir  pour retrouver leurs congénères, sans aucune aide.

A cela s’ajoute l’expérience acquise à chaque voyage pendant lesquels seront affinées et mémorisés les meilleurs routes migratoires et sites pour les haltes.

Les atouts physiologiques :

Malgré ces principaux atouts combinés il existe encore bien des mystères à découvrir sur le processus d'orientation des oiseaux.


COMMENT :

Faire des haltes :

C’est le cas pour des espèces de petits passereaux.

Migrer d’une seule traite :

C’est le cas des Hirondelles et Martinets et certains petits rapaces qui peuvent se nourrir des insectes en vol.

Savoir profiter des éléments naturels :

Afin de limiter les dépenses énergétiques et de raccourcir le temps de migration, certains oiseaux utilisent à profit des vents arrières pouvant augmenter leur vitesse de déplacement de 30 à 100 %.

D’autres au contraire attendent la quasi absence du vent, c’est plutôt le cas des migrateurs courtes distances.

D’autres sont indifférents et volent même par vent contraire comme les Hirondelles rustiques et les Martinets noirs.

Certains oiseaux d’eau se laissent dériver par les courants marins dans la bonne direction.

Adaptation au vol et migration diurne ou nocturne:

Pour les humains l’altitude est un facteur de risque, plus on monte plus on manque d’oxygène et dans le pire des cas on peut mourir du MAM, Mal Aigu des Montagnes c'est à dire d'un œdème cérébral ou pulmonaire.

L’oiseau est doté de capacités physiologiques largement supérieures aux notre en ce qui concerne la fonction pulmonaire (surface d’échanges gazeux plus importante) et l’oxygénation du sang (hémoglobine capable de transporter beaucoup plus plus d’oxygène) grâce à une vascularisation plus riche.

Le froid de l'altitude avec des températures négatives, à 4000 m il fait 26°C de moins qu’au niveau de la mer est compensé par l’échauffement de l’organisme qui peut être dangereux.

Les migrateurs diurnes volent moins haut que les nocturnes. La migration d’automne se fait plus basse que celle de printemps.

Deux exemples :

L’Alouette des champs vole vers 300 m, l’Oie à tête barrée survole l’Himalaya à une altitude moyenne de 4700 m avec quelques individus qui atteignent les 7290 m.

Le champion est le Vautour de Rüppel qui a été relevé à 11300 m d’altitude ! Un avion de ligne vole entre 9000 et 12000 m.

Les migrateurs nocturnes concernent les oiseaux d’eau et les limicoles ainsi qu’une grande majorité des passereaux. Leur avantage c’est pouvoir consacrer la journée à se nourrir, les turbulences atmosphériques sont moins fortes la nuit, donc moins de dépense énergétique et d’évapotranspiration.

Les migrateurs diurnes concernent une minorité de passereaux, surtout les granivores : Chardonnerets, Pinsons, Verdiers, Serins… ainsi que quelques insectivores comme les Bergeronnettes, les Pipits, les Hirondelles. Hormis les Hirondelles qui se nourrissent en vol, ils sont désavantagés car ils ne peuvent pas voler et se nourrir en même temps, par contre ils peuvent choisir les sites de haltes, et voyager en groupes cohérents.

Les rapaces planeurs migrent forcément dans la journée puisqu’ils ont besoin d’ascendants thermiques.


LES DANGERS :

Nombreux sont les dangers lors de la migration :

https://www.rtl.fr/actu/international/des-milliers-d-oiseaux-migrateurs-tues-par-les-vents-violents-en-grece-7800380298


L’INFLUENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE :

Depuis le début du 20éme siècle nous avons sans cesse œuvré au réchauffement climatique en émettant toujours plus de gaz à effet de serre. Les évènements météorologiques sont plus intenses, les printemps arrivent plus tôt favorisant l’explosion de la végétation et de la petite faune.

La migration est conditionnée préalablement à la photopériode mais deux autres conditions sont nécessaires : la présence de ressources alimentaires sur le site de nidification ou d’hivernage et des conditions météorologiques favorables.

Les migrateurs courte distance peuvent s’adapter facilement aux changements puisqu’ils sont quasiment sur place, ceux qui sont à des milliers de kilomètres ne peuvent se fier qu’à leur programme inné pour rejoindre leur site de nidification mais risquent d’arriver trop tard pour profiter de la profusion alimentaire.

Le réchauffement climatique permet aux oiseaux de migrer moins loin des zones de nidification voire même de rester sur place comme le Rougequeue noir ou le Chardonneret élégant. Le Gobemouche noir, migrateur longue distance est encore observable début novembre alors qu’il devrait être déjà sur son site d’hivernage au Sénégal. Une Huppe fasciée au mois de février 2017 était déjà présente au chemin de Cairanne.

En Afrique, des zones d’hivernage subissent une diminution de pluviométrie donc de perte de ressources alimentaires. L’oiseau qui n’a pas pu se nourrir suffisamment  à cause d’un manque de pluie va retarder son départ en migration de quelques jours.

Les comportements migratoires face au bouleversement climatique varient selon les espèces et les lieux de nidification ou d’hivernage. Ainsi un migrateur transsaharien arrivée plus tôt chez nous repartira plus tôt vers le site d’hivernage.

La moitié des migrateurs courte distance a reculé la migration postnuptiale de 3,4 jours en 30 ans.


LE MOT DE LA FIN :

Sans entrer dans le détail la migration des oiseaux est un phénomène complexe dont il reste encore bien des points à élucider mais dont le but essentiel se résume en deux mots : nourriture et descendance. C’est valable pour toutes les espèces sur Terre y compris l’espèce Humaine.

Biodiversité en déclin, dérèglements climatiques, famines et guerres entraînent des mouvements migratoires humains à l’issue incertaine dont l’ampleur va s’accélérer, est-ce que nous saurons y faire face et inverser la tendance afin que chacun puisse vivre décemment  ? N’oublions jamais que nous faisons partie de cet écosystème terrestre et que nous l'affaiblissons.